De nombreux campus ont été bloqués cette semaine par des étudiants mécontents des résultats du premier tour de l’élection présidentielle. À Paris, des bâtiments de la Sorbonne ont même été dégradés. L’UNI promet de déposer des référés à chaque nouveau blocage.
Par Rémy Perrad
Le 16 avril 2022 à 15h29
Causeur. Carine Bernault, la présidente de l’université de Nantes, a appelé à faire barrage au Rassemblement national dans un mail envoyé à 42 000 étudiants – pas moins – et 4 000 membres du personnel. L’université a certes toujours été politisée, elle fut marxiste puis maoïste dans les années 70, aujourd’hui féministe, wokiste et écologiste. Mais quand un président d’université donne ainsi des consignes de vote, violant le principe de neutralité inhérent au service public, n’y a-t-il un cap de franchi ?
Rémy Perrad. Ce cap a malheureusement déjà été franchi lors de la dernière élection. En 2017, déjà, les présidents d’université avaient pris position pour Emmanuel Macron contre Marine le Pen, je vous le rappelle. Toujours avec cette injonction moralisatrice de lutter contre le « fascisme ».
L’idéologie progressiste est effectivement profondément ancrée dans l’enseignement supérieur français. Tant la vie étudiante que les enseignements sont gangrénés inlassablement par les revendications tantôt racialistes, tantôt LGBT, etc. Il existe par ailleurs des postes entièrement dédiés à cela, à l’image des vice-présidents dédiés à l’égalité « femme-homme » et à la lutte contre les discriminations, que l’on retrouve dans de très nombreuses universités. Ces personnels font en sorte que les activités sur le campus soient « inclusives », et que les enseignements ne heurtent la sensibilité de personne en fonction de sa couleur de peau, sa culture, sa religion, sa sexualité…
On en vient donc à oublier le rôle premier de l’université qui est l’instruction et la possibilité de s’insérer dans le monde du travail !
Faisons un peu de politique fiction ! Des appels similaires à ce « vote castor » auraient-ils été envisageables si Mélenchon avait été à la place de Marine Le Pen ?
Ils auraient été en tout cas largement moindres, quand on connait la puissance des mouvements islamo-gauchistes et de l’extrême-gauche dans nos universités, dans le corps enseignant, mais aussi dans les syndicats marqués à gauche et les associations « apartisanes ».
Dans notre réalité politique, soutenir Emmanuel Macron relève d’un impératif moral, qui balaie évidemment toute considération sur le débat contradictoire, le pluralisme et la démocratie.
Dans son mail, Carine Bernault invoque la défense des « différences » et de la « liberté d’expression », sous entendant qu’elles seraient mises à mal par Marine Le Pen si elle était élue le dimanche 24 avril. Cette incantation ne sonne-t-elle pas faux au regard des actes de violence perpétrés par l’extrême gauche cette semaine (pillage de restos U, dégradation et tags antiflics, occupation des amphis de la Sorbonne, de l’ENS Jourdan, agressions et chasse à l’homme envers les militants de votre syndicat à Rennes) ?
Depuis de très nombreuses années, la gauche étudiante fait en effet la démonstration inverse de ces valeurs humanistes prônées par la présidente de l’université de Nantes ! A chaque blocage de facs son lot d’agressions sur des étudiants désireux de s’opposer à cette atteinte à la liberté d’étudier, de menaces et de caillassage sur la police, ou encore de chasse à l’étudiant de droite.
Dans des villes comme Rennes il est périlleux pour un jeune de droite de s’assumer pleinement, mais cela n’empêche pas les militants de l’UNI de se battre continuellement pour faire respecter une valeur essentielle que chaque universitaire devrait défendre : la liberté.
Reste que sous couvert de défendre des valeurs, les militants d’extrême gauche violent le droit d’étudier, nuisent à la liberté d’apprendre ou à l’accès à un repas équilibré et pas cher… Ces antifas ne sont-ils pas des fascistes qui s’ignorent ?
Ce point est très juste. La gauche pointe du doigt, à juste titre, les défis de la précarité étudiante. Le gouvernement Macron a un bilan désastreux en la matière : baisse des APL, aucune réforme du système de bourses, refus de la mise en place d’un ticket resto étudiant… Malheureusement nos chers militants d’extrême-gauche causent le plus souvent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent.
Le vol de nourriture dans les cafétérias du CROUS est absolument scandaleux, mais bien évidemment impuni. Ce genre d’actes bénéficie d’un laxisme et d’une passivité complice de la part de l’État et des universités.
Que fait Mme Vidal à part s’emmurer dans un silence assourdissant ? et Gérald Darmanin qui se targue d’avoir fait baisser la violence dans notre pays ?
L’UNI dénonce l’impunité dont bénéficient ces militants d’extrême gauche.
La ministre de l’Enseignement supérieur est, comme sur bien d’autres dossiers, absente. Les étudiants semblent condamnés à subir, comme lors de la crise sociale qui a suivi la crise sanitaire liée au Covid.
Il faut rappeler que les méthodes contestables des militants de gauche demeurent encouragées financièrement par l’Etat et les universités. L’UNEF touche par exemple près de 500 000 euros de subventions par an (sans compter les subventions qui lui sont versées par ailleurs par les collectivités locales), et des organisations locales et violentes comme l’Union Pirate en Bretagne sont elles aussi largement subventionnées, par l’Université de Rennes 2 notamment.
Quant à l’insécurité, le ministère de l’Intérieur ne se préoccupe que trop peu de la jeunesse. Les témoignages d’étudiants victimes de vols, agressions, humiliations bondissent. Dernièrement, ce sont les étudiants de Cergy et de la Timone à Marseille qui ont tiré la sonnette d’alarme. L’UNI s’est engagée à leurs côtés afin d’exercer une pression sur les pouvoirs publics.
Mais Gérald Darmanin et sa politique du coup de menton ne suffisent pas face à ces différentes formes de délinquances.
De notre côté, des référés seront déposés à chaque blocage ou occupation d’université. Nous avions déjà obtenu le déblocage de l’université Toulouse 2 en 2018 : c’est la preuve qu’avec un peu de volonté politique et en faisant respecter la loi, l’État pourrait parfaitement agir…
Nous votons dans une semaine. Donnez-vous des consignes de vote à vos militants ?
Nos militants sont parfaitement libres de soutenir les candidats de droite de leur choix sur le plan local comme au plan national. Une seule consigne : aucune voix pour Macron et son bilan désastreux pour l’enseignement supérieur, pour la jeunesse et pour la France.
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