Par UNI Archives
Le 19 septembre 2007 à 11h57
Pour revaloriser le statut des jeunes chercheurs, la ministre de l’enseignement supérieur a décidé coup sur coup d’augmenter le montant des allocations de recherche de 8% pour les thésards (de 1530 € brut à 1650 €) et de 16 % pour les doctorants CIFRE (de 1684 € à 1957 €). Si l’un des objectifs affichés par le gouvernement est de promouvoir le rapprochement des jeunes chercheurs et des milieux économiques, ce coup de pouce non négligeable témoigne de la volonté de l’Etat de vouloir rendre les formations doctorales beaucoup plus attractives devant la fuite continue de cerveaux.
Les statistiques récentes témoignent en effet des grandes difficultés d’insertion professionnelle des doctorants et du manque d’attractivité des carrières scientifiques. Ainsi, d’après une étude publiée en juin 2007 par l’Institut de Recherche en Education, sociologie et Economie de l’éducation (IREDU), les allocataires de recherche ont un taux de chômage équivalent à celui de l’ensemble des docteurs en se situant à 11 %, trois ans après l’obtention du diplôme ; alors que les CIFRE s’insèrent mieux dans la vie active (avec un taux de chômage de 7 %, la moyenne des diplômés du supérieur étant de 7,6%) et bénéficient de meilleurs salaires, avec un revenu médian de 2300 € contre 1960 €.
Cette disparité s’explique en partie pour les docteurs CIFRE par le partenariat dont ils ont bénéficié avec leur entreprise d’accueil qui bien souvent les embauche à l’issue de la convention. Alors que la majorité des docteurs envisagent des carrières dans la recherche publique il semblerait que celle-ci ne soit pas en mesure de les satisfaire totalement (en termes de capacité d’accueil, et de salaires notamment), souligne l’étude, d’où les problèmes d’insertion dans un secteur parfois méconnu. Que ce soit en terme de salaires, de chômage ou de précarité, les allocataires de recherche ont de moins bonnes situations par rapport aux CIFRE, mais aussi par rapport à l’ensemble des jeunes docteurs.
Ce manque d’attractivité des carrières de la recherche et les mauvaises perspectives d’insertion, suffisent aisément à expliquer, en partie, la fuite des cerveaux vers les Etats-Unis. Un rapport sur l’émigration des jeunes Français rédigé par le Ministère des Affaires Etrangères en juin 1998 relatait déjà une progression de la présence de jeunes Français très diplômés et qualifiés (avec des visas temporaires de longue durée), et notamment en Californie dans les secteurs de haute technologie et d’informatique. Un rapport du Sénat l’année suivante relevait « une augmentation du nombre de scientifiques expatriés encore plus sensible dans le cas des post-doctorants. Le nombre de post-doctorants et chercheurs français en mission dans les universités américaines est passé de 1810 à 2.320 entre 1990 et 1996, plaçant la France au huitième rang en nombre de « scholars » accueillis par les universités américaines. »
A en croire les enquêtes Baromètre menées par la Commission européenne, les citoyens de l’Union européenne attendent des pouvoirs publics qu’ils prennent des mesures concrètes pour endiguer le phénomène d’exode dans les disciplines scientifiques. Valérie Pécresse annoncera d’ailleurs de nouvelles mesures lors de la présentation du budget de la MIRES (Mission Interministérielle Recherche et Enseignement Supérieur) pour 2008, pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes docteurs.
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